Leçon 6.6.2

 

Flambement des éléments réels de structure

2ème partie

 

 

OBJECTIF

 

Étendre et généraliser aux autres phénomènes d'instabilité les conclusions de la leçon précédente sur le flambement des poteaux.

 

RESUME

 

On considère le voilement et les types de flambement comportant des déformations de torsion, ainsi que le type de base du flambement de coque, c'est-à-dire le cas d'un cylindre en compression axiale. On fait aussi quelques brefs commentaires sur la manière dont on peut renforcer les éléments en vue de prévenir les ruines par flambement.

1.   INTRODUCTION

 

On examinera en premier le voilement, parce qu'on le rencontre souvent sous la forme de flambement local, c'est-à-dire flambement de composants de section en forme de plaque ; de plus, cela aide à comprendre le flambement des poteaux par torsion, pour lesquels le flambement est créé par une rotation de la section droite. On étudie ensuite le flambement par flexion-torsion des poteaux ; cette dénomination est correcte car les déformations de flexion et de torsion sont toujours liées l'une à l'autre, comme c'est le cas pour le flambement latéral de torsion des poutres. On considèrera aussi le flambement des coques ; ce phénomène très complexe est décrit par référence au cas élémentaire d'une coque cylindrique chargée axialement.

 

2.   VOILEMENT

 

Le voilement d'une plaque a lieu lorsque sa section à âme mince subit des contraintes de compression. Ce phénomène ressemble assez au flambement de poteau ; il implique cependant plutôt les éléments de la section droite du composant que le déplacement de la section dans son ensemble.

Les sections formées à froid et les sections constituées de plaques minces sont les plus sensibles au voilement.

Les modes de flambement élastique et les contraintes critiques correspondantes des plaques en compression dérivent des équations des plaques faiblement déformées .

On reconnaît depuis longtemps que la charge critique de voilement d'une plaque n'est pas un moyen satisfaisant de mesure de la résistance réelle d'une plaque. En fait, dès que la plaque a tendance à flamber, les déplacements hors du plan donnent lieu à des forces de membrane dues à l'allongement du plan moyen de la plaque.

 

 

 

 

 

 

Pour comprendre ce comportement, considérons une plaque rectangulaire initialement plate, dont les côtés sont soit simplement appuyés, soit encastrés et chargée par un effort de compression uniaxiale uniforme. Supposons que la plaque flambera dans un mode à une seule demi-onde (figure 2). Pour cette étude, on peut remplacer la plaque par un système de bandes dans les deux directions perpendiculaires ; les bandes longitudinales sont comprimées et sont donc susceptibles de flamber. Une fois que la plaque flambe, les bandes longitudinales proches du bord sont obligées de rester rectilignes, alors que celles qui sont éloignées des bords sont plus sujettes au flambement ; en d'autres termes les premières conservent leur rigidité axiale, tandis que les autres en perdent une partie.
Le voilement crée une augmentation de longueur des bandes transversales, car les bords longitudinaux sont retenus vis-à-vis du raccourcissement libre de la plaque dans la direction transversale ; ceci crée des forces de traction de membrane dans les bandes transversales qui exercent un effet stabilisateur sur les bandes longitudinales (figure 3). Ceci explique pourquoi la plaque peut atteindre un état d'équilibre stable au-delà de sa charge critique de flambement élastique, avec pour résultat la possibilité d'avoir une résistance postflambement importante, à condition que le matériau ne se plastifie pas prématurément.
Quand une plaque se voile, il y a interaction des déplacements dans le plan et hors du plan, d'où un comportement non linéaire. Le comportement d'une plaque, dans le domaine des grands déplacements, ne peut être déduit qu'à la fois des équations de compatibilité et des équations non linéaires d'équilibre des plaques. Il est représenté, sur la figure 4, par le tracé de la contrainte principale appliquée par rapport au déplacement latéral de la plaque et par rapport au raccourcissement d'extrémité ; le dernier tracé est bilinéaire lorsque la plaque est initialement parfaitement plate et sa pente représente la rigidité axiale de la plaque. Plus les maintiens par rapport aux déplacements dans le plan fournis par les liaisons (d'abord sur les bords longitudinaux) sont importants, plus l'effet stabilisateur dû aux forces de membrane sera grand et plus la réserve disponible de résistance postflambement sera grande.
La charge ultime est finalement atteinte lorsque la rigidité de la plaque a été suffisamment détériorée par la plasticité du matériau. Le voilement se traduit, ainsi qu'on l'a dit précédemment, par une distribution de contraintes de membrane non uniforme à travers la plaque, avec des valeurs maximales aux bords longitudinaux. L'écoulement plastique apparaîtra donc sur ces bords et se propage rapidement jusqu'à l'effondrement.

La résistance postflambement apparaît en particulier sur les plaques qui ont des proportions réduites et qui, jusqu'à une certaine limite, se comportent de manière élastique. Dans ce cas, la charge ultime peut être égale à plusieurs fois la charge critique élastique. Pour des plaques d'élancement faible ou intermédiaire, c'est la plasticité du matériau qui affecte principalement le comportement de la plaque ; en fait plus la plaque est massive, plus l'écoulement plastique aura tendance à précéder le voilement, ce qui donnera lieu à une résistance ultime éventuellement plus faible que la charge critique élastique.

Les processus de mise en œuvre et de fabrication d'une plaque donnent lieu à des imperfections géométriques inévitables et à des contraintes résiduelles. Dans la plupart des cas, les deux ont des effets sur le comportement pré- et postflambement.

Les imperfections géométriques de base sont la non-planéité initiale qui, comme on peut s'y attendre, affecte de manière significative le voilement. En raison du manque de planéité, les déformations de la plaque hors du plan augmentent dès le début du chargement. La grandeur de la non-planéité influe sur la réponse de la plaque par la déformée due à la chargeNon seulement la grandeur, mais aussi le dessin de la non-planéité initiale ont une influence sur la réponse de la plaque ; plus le mode de flambement est proche de ce dessin, plus le voilement apparaît et se produit doucement. Par ailleurs, toute non-planéité différente du mode de flambement a tendance à retarder le voilement ; cependant, quand il se produit, il se produit soudainement et donne lieu à un claquement sec. En raison de la nature aléatoire de la répartition de la non-planéité, on suppose que l'imperfection est proche du premier mode de voilement de la plaque.

L'élancement de la plaque est le paramètre géométrique qui gouverne la résistance ultime de la plaque. Cette dernière est généralement représentée (figure 6a), par le tracé de la contrainte principale appliquée à l'effondrement par rapport au paramètre d'élancement l' = b/t, « b » désignant l'épaisseur de la plaque dans la direction perpendiculaire à la compression. Une plaque élastique initialement plate flambe pour une contrainte critique :

     

où :       n            est le coefficient de Poisson 

ks       désigne le coefficient de voilement             

À cause de la plasticité du matériau, la charge d'écrasement fournit une limite à la résistance de la plaque et constitue une limite tronquée de la courbe de flambement élastique. La transition entre l'écrasement et le voilement a lieu pour scr = fy, c'est-à-dire pour la valeur suivante de l'élancement :

L'existence d'une résistance postflambement pour la plaque soumise au cisaillement peut être expliquée physiquement de la manière suivante : un élément carré, dont les bords sont orientés à 45° par rapport aux côtés de la plaque, subit des contraintes de traction s1 sur deux faces opposées et des contraintes de compression s2, sur les deux autres; ces contraintes de compression peuvent donc induire du voilement sous la forme de renflements allongés orientés dans la direction des contraintes de traction . La contrainte critique de cisaillement élastique, tcr, est donnée par une expression semblable à scr. Une fois que la plaque flambe au cisaillement, l'augmentation des contraintes de compression n'est plus possible, tandis que la rigidité axiale initiale de la plaque, dans la direction de la composante de traction est encore presque complètement disponible. Ici aussi, les liaisons dans le plan peuvent avoir une influence appréciable sur l'augmentation de la réserve de résistance postflambement.

De la même manière que pour les courbes de résistance des poteaux, les courbes de résistance des plaques sont d'habitude tracées selon des coordonnées normées (figure 6b) : la contrainte ultime principale est divisée par la contrainte d'élasticité du matériau, tandis que l'on définit un élancement normé de la plaque, comme pour le flambement de poteau, dans les termes généraux :

                                                                            

En utilisant l'équation (1), l'élancement normé de la plaque est :

                                                                

En conséquence,  constitue l'élancement limite correspondant à la transition entre l'écrasement et le voilement.

 

3.   FLAMBEMENT DES POTEAUX PAR TORSION

 

L'instabilité due au flambement par torsion ne peut se développer que dans des circonstances spéciales. Ce type de flambement est illustré au moyen d'un barreau en compression composé de quatre pans saillants identiques, constituant une section cruciforme. Si une telle plaque était simplement appuyée le long de l'axe du poteau, elle flamberait de telle sorte que toute ligne OA du pan, perpendiculaire aux bords longitudinaux, resterait approximativement rectiligne, bien que tournant autour du point O. Cette forme de flambement, où l'axe du barreau reste rectiligne, mais les sections tournent est appelé « flambement par torsion ».
Comme de la torsion intervient dans un tel processus de flambement, la contrainte critique de flambement élastique dépend en partie de la rigidité de torsion de Saint-Venant et de la rigidité de gauchissement. De plus, les liaisons terminales vis-à-vis de la torsion et du gauchissement doivent apparaître dans les facteurs numériques utilisés.

Comme pour le flambement par flexion, on doit aussi tenir compte des imperfections géométriques, des contraintes résiduelles et des effets dus à la plasticité du matériau et à l'écrouissage. En ce qui concerne les imperfections géométriques initiales, la rotation initiale du barreau et le manque de planéité des composants de la section sont, comme on peut le comprendre, les plus significatifs. A la différence du flambement par flexion, pour lequel on a beaucoup d'informations, la résistance ultime associée au flambement par torsion ne peut pas être estimée avec une grande précision à cause du manque d'expériences suffisamment documentées et des résultats correspondants des tests. On accepte généralement que la procédure utilisée pour le flambement par flexion puisse être étendue au flambement par torsion, sous réserve de faire l'hypothèse que les diminutions de résistance dues aux imperfections et à la plasticité sont semblables dans les deux cas, si on les exprime en coordonnées normées. L'élancement normé est logiquement défini de la manière suivante :

                                                                         

où           scr,T       représente la contrainte critique de flambement par torsion élastique.

 

4.   FLAMBEMENT PAR FLEXION-TORSION

 

Les déplacements de flexion et de torsion se combinent quand le centre de cisaillement et le centre de gravité de la section ne correspondent pas. Ceci a pour conséquence une réduction de la charge critique de flambement par rapport à celle du flambement par flexion.

Pour illustrer cette forme de flambement, on considère une section en U soumise à une charge de compression uniaxiale appliquée au centre de gravité, de telle sorte que les sections terminales subissent une contrainte uniformément appliquée. Dès que le barreau a tendance à flamber dans la direction yy, c'est-à-dire par flexion par rapport à l'axe zz, la flèche v(x) crée un moment de flexion M(x) = Nv(x), donnant naissance à un cisaillement correspondant :

                       V = dM/dx = N(dv(x)/dx).

Tout se passe comme si le barreau était soumis à des forces distribuées transversales :

                                                  q = - dV(x)/dx = - N (d²v(x)/dx²)

agissant dans le plan yy contenant le centre de gravité G et non pas dans le plan zz qui contient le centre de cisaillement C (figure 9c). De ce fait, la flexion par rapport à l'axe zz et le cisaillement correspondant induisent un moment de torsion dMt = qzodx, où zo représente la distance entre le centre de gravité et le centre de cisaillement. Ceci veut dire qu'un flambement purement par flexion dans le plan yy est impossible, parce que les déformations de flexion et de torsion sont inévitablement couplées.

Le flambement par flexion-torsion est déterminé par trois équations différentielles d'équilibre qui contiennent les dérivées des trois fonctions : déplacements v et w dans les plans yy et zz et la rotation y.

Dans le cas usuel du barreau biarticulé, parfaitement libre de se gauchir, c'est-à-dire v = v" = 0, w = w" = 0 et yy" = 0 aux extrémités, la contrainte critique de flambement par flexion-torsion vaut :

                     

où           yo et zo    sont les coordonnées du centre de cisaillement, avec .

Il faut noter que pour une section doublement symétrique (zo = yo = ro = 0), les racines sont :

                                                         

et que la plus faible de ces trois valeurs - scr,T, scr,zz et scr,yy - est celle qui est déterminante.

Le flambement par flexion-torsion entraîne des déformations dues à la fois au flambement du poteau par flexion et par torsion. La résistance ultime associée sera alors modifiée par tous les types d'imperfections, dans la mesure où elles modifient ces deux phénomènes de base.

Comme dans le cas du flambement de poteau en torsion, on manque d'information sur la perte de résistance de flambement par flexion-torsion due aux imperfections, aux contraintes résiduelles et à la plasticité du matériau ; ici encore, on peut généraliser la procédure utilisée pour le flambement par flexion en utilisant les mêmes courbes de résistance normée, en supposant que l'élancement normé est défini de la manière suivante :

                                                                   

 

5.   DEVERSEMENT DES POUTRES

 

Quand une poutre est soumise à une flexion selon son axe d'inertie la plus grande, due, soit à des couples d'extrémités, soit, plus classiquement, à des charges transversales, une des deux semelles ainsi que la partie adjacente de l'âme, est comprimée, et, donc, susceptible de flamber.
Le flambement de la semelle comprimée dans le plan de l'âme est normalement empêché par l'âme, en raison de la grande rigidité de cette dernière dans son propre plan ; le flambement de la semelle dans son plan est donc, le plus souvent, critique, parce que l'âme ne fournit qu'un encastrement limité dans cette direction. Quand l'âme est très élancée, elle risque probablement de se déformer, de telle sorte que l'encastrement est négligeable et le déversement est très proche du flambement de la semelle par flexion par rapport à l'axe le plus faible de la section droite (figure 10a). Une âme massive, toutefois, se comporte en gros comme un élément plaque rigide et le déversement amène la section à tourner (figure 10b). À cause de la rotation des axes principaux par rapport à leur direction initiale, la déformation qui en résulte est une combinaison de torsion et de flexion latérale.

Pour une poutre parfaite, chargée dans la direction de la flexion la plus forte, le déversement se produit pour une valeur critique du moment fléchissant maximum ou de la contrainte de compression maximum. Cette valeur dépend de plusieurs facteurs : la distribution de moment le long de la poutre (forme du diagramme de moment fléchissant), les conditions aux limites (maintiens en flexion, torsion et gauchissement), le niveau d'application des charges transversales et la possible dissymétrie de la section droite. Comme ce flambement mêle torsion et flexion selon l'axe le plus faible, le moment fléchissant critique pourra s'exprimer en termes de longueur de poutre L, de rigidités en torsion et vis-à-vis du gauchissement, respectivement G It et E Iw et en termes de rigidité de flexion par rapport à l'axe le plus faible, E Izz.

Le moment fléchissant critique élastique d'une section en I ou H, par exemple, est donné par :

             

où           C1 et C2 sont des coefficients qui tiennent compte de l'influence des facteurs mentionnés ci-dessus,              

         est la distance du centre de cisaillement au point d'application des charges transversales.

La contrainte de déversement critique élastique vaut :

                                                            

où           Wyy        représente le module élastique de la section en flexion par rapport à l'axe le plus fort.

En plus de la plasticité du matériau et des contraintes résiduelles, les imperfections géométriques créent une perte de résistance par rapport à la charge critique élastique. On doit faire attention à toute imperfection capable de déclencher de la torsion et/ou de la flexion latérale. Une récente évaluation statistique de résultats de tests, mis en oeuvre pour préparer les documents de fond de l'Eurocode 3 a montré que la forme des courbes de résistance ultime pour le flambement des poteaux par flexion est tout à fait appropriée à la représentation de la réponse en déversement, à condition de calibrer correctement les paramètres de la courbe. Comme pour les formes précédentes de flambement, l'élancement normé de déversement est défini par :

                                                                                

 

6.   FLAMBEMENT DES COQUES

 

Le flambement des coques est probablement le phénomène d'instabilité le plus complexe. Analogue au voilement, il fait plutôt intervenir la forme de la section droite que le déplacement de la section droite considérée comme un tout. Les contraintes de compression, comme auparavant, peuvent naître des efforts normaux de compression, de la flexion et de charges concentrées appliquées localement. De plus, cependant, les coques peuvent aussi être soumises à des pressions internes ou externes (tuyaux, silos, réservoirs, poteaux supports des plates-formes offshore, etc. )

Le cas le plus simple à analyser est celui de la coque cylindrique chargée axialement; la contrainte critique de flambement élastique est donnée par :               

t             épaisseur de l'âme

r             rayon du cylindre

Cette formule est bien connue sous la forme scr = 0,605 E t / r, applicable à des cylindres en acier. Le comportement effort - raccourcissement montre une perte drastique de la capacité porteuse dès que l'on atteint la charge critique de flambement . Quand elle flambe, la coque tend vers une forme gauchie qui est en équilibre sous l'effet d'un effort extérieur de compression la plupart du temps beaucoup plus faible que la charge critique. A la différence des plaques, les coques ne sont pas capables de présenter une réserve de résistance postflambement.

Même de très faibles imperfections géométriques créent un écart prématuré de la courbe effort-déplacement de la coque parfaite donnant couramment une réduction significative de la capacité de résistance à la charge (figure 12). Les coques réelles ne peuvent donc pas atteindre la charge critique élastique. L'influence des imperfections sur la charge ultime des coques est un problème très complexe qui a fait l'objet de recherches importantes.

 

Selon la théorie classique du flambement des coques, la coque cylindrique parfaite peut flamber soit de manière axisymétrique - avec une succession d'anneaux - ou sous la forme d'un damier ; en fonction des circonstances du flambement, la coque peut prendre une configuration postflambement en forme de diamant. Afin de prendre en compte les imperfections, les règles de conception utilisent traditionnellement un facteur de réduction, a qui s'applique à la contrainte de flambement de coque critique élastique ; les valeurs de a proviennent de tests réalisés sur des modèles à grande échelle.
Selon les Recommandations de la CECM, la valeur de ce facteur ne dépend que de l'élancement r/t de la coque sous réserve de conserver les imperfections en dessous d'un seuil donné. On applique un facteur de sécurité partielle supplémentaire, g, au cas des coques cylindriques soumises à une compression méridienne à cause de leur comportement postflambement particulièrement défavorable.

L'influence des différents types d'imperfections sur la résistance ultime peut varier de façon importante selon le type de coque et le type de chargement. On peut définir une courbe de résistance normée en représentant le rapport s/fy par rapport à l'élancement normé , de façon analogue à l'approche utilisée pour les courbes relatives à la résistance des poteaux et des plaques.

Il faut noter que, si  augmente, la courbe de résistance s'approche de la valeur critique de la résistance (réduite par le facteur a).

 

7.   AMELIORATIONS DE LA RESISTANCE AU FLAMBEMENT

 

La résistance au flambement d'un élément ou d'un composant de section, peut être améliorée de plusieurs façons.

Pour une forme de flambement donnée, une réduction du rapport d'élancement se traduira par une charge ultime plus élevée. Ceci sera normalement réalisé en augmentant les dimensions de la section droite ; cela peut aussi être fait en répartissant le matériau de manière différente le long du centre de gravité, tout en gardant à la section droite une section constante ; en faisant cela, cependant, on peut changer la réponse de la section et/ou de l'élément, de telle sorte que d'autres formes de flambement puissent devenir critiques. En particulier, une diminution d'épaisseur de composants de section droite, afin de mieux répartir le matériau, a souvent pour conséquence un voilement, prépondérant d'un point de vue calcul.

Une autre manière d'améliorer la résistance au flambement d'un élément est de lui fournir des maintiens de meilleure qualité ou supplémentaires, afin de modifier le mode de flambement. La charge critique élastique d'un poteau en compression axiale biarticulé, par exemple, est augmentée d'un facteur 4 si on ajoute un appui simple à mi-hauteur, de telle sorte que le poteau flambe dans un mode en deux demi-ondes sinusoïdales. De la même manière une poutre simplement appuyée, soumise à de la flexion par rapport à son axe le plus fort, est renforcée vis-à-vis du déversement en empêchant les rotations de flexion et/ou de torsion à ses supports d'extrémités, ou, plus simplement, en mettant un obstacle à tout déplacement latéral de la semelle en compression au moyen d'un entretoisement adéquat. La résistance ultime d'une plaque mince comprimée peut être améliorée de façon appréciable en fixant des raidisseurs longitudinaux et éventuellement transversaux ; à condition qu'ils soient assez rigides, la plaque flambera entre les raidisseurs, pour une contrainte critique élastique plus élevée. Le fait de raidir des structures en coques produira, de la même manière, une augmentation de la résistance.

Bien que la résistance de calcul soit plutôt reliée à la contrainte ultime qu'à la contrainte critique élastique, les commentaires ci-dessus peuvent, qualitativement être étendus à la capacité porteuse ultime.

 

8.   INSTABILITE DE PORTIQUE

 

Quand on conçoit des poteaux comme des parties d'un portique, il peut être pratique d'isoler les poteaux du reste du portique et de traiter leur calcul comme des problèmes séparés. Cependant, la plupart des poteaux appartenant à des portiques de bâtiments subissent des actions de flexion appliquées à leurs extrémités, en plus des efforts normaux. Ces actions de flexion dépendent de l'interaction entre le poteau et ses éléments adjacents - poutres et poteaux. Dans certains cas, le poteau soutiendra les poutres à l'effondrement ; de telles situations se présentent quand les poutres sont conçues en plasticité et s'effondrent quand le poteau reste stable et élastique. Il y a d'autres situations où les poutres supportent le poteau ; c'est en particulier le cas quand les poutres sont conçues en élasticité et présentent un comportement élastique jusqu'à la ruine, cette dernière étant amorcée par l'instabilité du poteau.

La plupart du temps, les poteaux de portique apparaîtront comme des éléments encastrés de manière élastique, soumis à des efforts normaux et des couples d'extrémités combinés. On les appelle alors « éléments comprimés fléchis » (ou encore « poutres-colonnes » en Belgique ou en Suisse).

Dans la plupart des portiques de bâtiment, les déplacements d'ossature sont empêchés par des dispositifs de contreventement appropriés, par exemples des entretoises sur les façades, des escaliers, un noyau central en béton armé pour les réseaux en tous genres. Ensuite les extrémités du poteau doivent éviter de subir des déplacements horizontaux. La stabilité d'ossatures rigides se ramène à la stabilité de ses poteaux individuels. Il est donc nécessaire d'avoir des règles appropriées concernant la résistance ultime d'éléments élastiques en compression maintenus soumis à des moments d'extrémités supplémentaires.

Quelquefois des forces horizontales, dues au vent et à des séismes éventuels doivent être équilibrées par des actions de flexion sur le portique tout entier qui présente des déplacements horizontaux, augmentant la plupart du temps de la base au sommet. Ensuite les poteaux se déforment selon une forme en S, appelée flexion à double courbure. Les déplacements horizontaux permettent aux efforts dus aux poids propres de développer des moments fléchissants supplémentaires, appelés souvent moments secondaires car ils résultent de charges de poids qui agissent sur le portique déformé. Le terme secondaire est particulièrement mal adapté parce la grandeur de ces moments fléchissants secondaires peut rarement être négligée. Vérifier la stabilité du portique en considérant la stabilité des poteaux individuels apparaît alors plus comme une recette de cuisine que comme une procédure de calcul réfléchie, mais constitue une tentative de prise en compte de l'influence des effets du second ordre dans la structure en portique.

 

9.   CONCLUSION

 

·      Les caractéristiques de base des phénomènes de flambement des éléments qui ont été vus précédemment sont résumées dans le tableau ci-dessous :

Phénomène de flambement

Type d'élément

Chargement

Paramètres

De raideur

Rapport d'élancement

Élancement

Normé

Flexion

poteaux

compression axiale

EIyy ou EIzz

L/ix ou L/iy

Torsion

poteaux (sections ouvertes avec symétrie double ou de point)

compression axiale

GIt, EIw

-

Flexion-torsion

poteaux (sections ouvertes avec symétrie double ou de point)

compression axiale

GIt, EIw

EIyy et/ou EIzz

-

Déversement

poutres

flexion sur l'axe le plus grand

GIt, EIw, EIzz

-

Plaque

plaque mince ou composant d'élément

compression ou cisaillement

b/t

Coque

coque cylindrique

compression axiale

-

r/t

·      Les manières les plus efficaces d'améliorer la résistance au flambement consistent à accroître les dimensions de la section droite et/ou d'utiliser un contreventement et des maintiens de manière à modifier le mode de flambement.

·      La stabilité d'un portique à ossature rigide est contrôlée par la stabilité de ses poteaux individuels.

·      La stabilité d'un portique à ossature souple est contrôlée par la rigidité de flexion des poteaux et des poutres et par la rigidité des liaisons poutres/poteaux.

 

10. LECTURES COMPLEMENTAIRES

 

1.           Ballio, G. et Mazzolani, F., "Theory and Design of Steel Structures", Chapman and Hall, London, 1983.

2.           Dowling, P.J., Knowles, P. et Owens, G.W., "Structural Steel Design", Butterworths, London, 1988.

3.           Galambos, T.V. (éditeur), "Guide to Stability Design Criteria for Metal Structures", John Wiley and Sons, New York, 1988.

4.           McGuire, W., "Steel Structures", Prentice-Hall Inc. , Englewood Clifs, N.J., 1988.

5.           Picard, A. et Beaulieu, D., "Calcul des charpentes en acier", Institut Canadien de la Construction en Acier, 1991.

6.           CECM Recommendations of Steel Shells, Publication CECM n° 56, 1988.